La ministre de l'Ecologie a annoncé le 25 février les mesures prises par le gouvernement pour appuyer le déploiement des énergies marines. Démonstrateurs, planification de zones propices à l'hydrolien et travaux juridiques vont être engagés

Lors d'un déplacement à Cherbourg le 25 février, la ministre de l'Ecologie Delphine Batho a présenté les "premières mesures concrètes pour accélérer l'émergence des énergies marines". Un appel à manifestation d'intérêt va être lancé fin février - début mars pour développer les briques technologiques et les démonstrateurs de recherche sur les chaînes manquantes. Un travail de concertation va être engagé par les préfets des zones propices au développement de l'énergie hydrolienne. Enfin, plusieurs études vont être lancées pour préparer l'exploitation commerciale de fermes hydroliennes.

Le rapport de la mission confiée en 2012 au CGEDD et CGEIET par Delphine Batho, Arnaud Montebourg et Frédéric Cuvillier sur le potentiel de la filière française est quant à lui attendu pour le 15 mars. Il sera présenté dans le cadre du débat national sur la transition énergétique afin qu'un plan stratégique pour les énergies marines soit défini. Ce rapport "permettra de prendre des décisions rapides pour les dispositifs de soutien aux fermes pilotes hydroliennes (AMI, mise en place d'un tarif de rachat de l'électricité produite par les fermes pilotes)", indique le ministère.

Accompagner les innovations et la recherche
La préparation de l'appel à manifestation d'intérêt énergies marines a été confiée à l'Ademe. Un axe "briques technologiques" visera à soutenir le déploiement à grandes échelles de l'hydrolien marin, de l'houlomoteur, de l'éolien flottant et de l'énergie thermique marine, via l'appui de projets qui peuvent être communs à ces différents types d'énergie (nouvelles méthodes d'installation, préparation des fonds marins, raccordement et injection au réseau…). "Les projets visés doivent faire la démonstration en mer, prioritairement et quand cela est applicable, sur des sites d'essais gérés par France Energies Marines, de composants ou méthodes à une échelle représentative des conditions d'exploitation. L'objectif est un démarrage des démonstrations en mer d'ici 2016", précise le ministère.

L'AMI comportera également un axe "démonstrateurs de recherche" dédié à l'énergie houlomotrice pour une installation à l'horizon 2016. "Le lieu de démonstration attendu sera prioritairement le site d'essais géré par France Energies Marines, en l'occurrence le SEM-REV au large du Croisic. Les unités de production houlomotrices visées doivent être de grande puissance, c'est-à-dire caractérisés par un productible annuel supérieur à 1.000 MWh/an/machine. Elles doivent exploiter les zones caractérisées par une importante ressource énergétique".

L'AMI sera clôt en juillet 2013 pour les projets demandant une aide d'Etat et en juillet 2014 pour les projets demandant un investissement en capital.

Définir les zones propices à l'hydrolien
Le potentiel français en énergies marines hors éolien offshore est estimé entre 3 et 5 gigawatts. Cependant, les zones propices à leur déploiement sont limitées. Par exemple, "le gisement hydrolien dans les eaux territoriales françaises est concentré. Les zones énergétiques sont situées au large de la pointe de la Bretagne, entre Ouessant et le continent, et autour du Cotentin, dans le Raz Blanchard et le Raz Barfleur", explique le ministère.

C'est pourquoi une démarche de planification et de concertation va être lancée par les préfets de Basse-Normandie, de Bretagne, de la Manche et de la Mer du Nord afin d'identifier les zones propices pour le déploiement de fermes de démonstration pré-commerciales, qui devraient comprendre quelques machines reliées entre elles et raccordées au réseau terrestre. "Ces zones, d'une superficie approximative de l'ordre de deux à trois kilomètres carrés seront positionnées au sein des « macro-zones » pré-identifiées [Raz Blanchard, Raz Barfleur et passage du Fromveur] comme techniquement et économiquement favorables au développement de l'hydrolien".

Pour appuyer cette concertation, une étude sur une méthodologie d'analyse multi-critère a été confiée au CETMEF, en lien avec le CETE Normandie-Centre et le CETE Méditerranée. Les premières cartes de cette étude en cours de finalisation sont achevées, indique le ministère. Une fois les zones propices identifiées, des études de connaissance physique seront lancées "pour lever les risques géophysiques, géotechniques, météorologiques et océanographiques afin de mettre ces données à disposition des acteurs".

Préparer l'exploitation commerciale de l'hydrolien
Enfin, le ministère de l'Ecologie souhaite préparer dès aujourd'hui le futur développement commercial de l'énergie hydrolienne. Les gestionnaires de réseau, la commission de régulation de l'énergie (CRE), les pouvoirs publics ainsi que les parties prenantes plancheront au sein d'un groupe de travail sur le cadre juridique et économique du raccordement des moyens de production hydroliens. Dans un premier temps, ce groupe de travail se penchera sur "les conditions de raccordement des installations expérimentales ou pré-commerciales raccordées directement sur un poste à terre et l'articulation avec les schémas régionaux de raccordement aux réseaux des énergies renouvelables", avant d'engager les mêmes réflexions sur le raccordement des fermes commerciales.

Article de Sophie FABREGAT pour Actu-Environnement.