Les risques psychosociaux au travail peuvent affecter la santé physique et mentale des salariés. Afin d'étudier cette question, une enquête « Santé et itinéraire professionnel », publiée en avril 2014, permet de dresser une typologie des salariés selon les facteurs de risques auxquels ils sont ou non exposés.

 

Les risques psychosociaux au travail peuvent être définis comme « les risques pour la santé mentale, physique et sociale, engendrés par les conditions d'emploi et les facteurs organisationnels et relationnels susceptibles d'interagir avec le fonctionnement mental ». Le manque de reconnaissance professionnel, de fortes exigences émotionnelles liées au contact avec le public, un travail exigeant et intensif, des relations de travail difficiles sont les risques d'exposition les plus courants auxquels les salariés sont confrontés.

 

 

 

LES DEGRÉS D'EXPOSITION AUX RISQUES PSYCHOSOCIAUX

 

Le degré d'exposition des salariés aux risques psychosociaux est variable selon les emplois occupés et les situations de travail. Parmi les personnes concernées par les RPS, 52 % sont des hommes et 26 % sont âgées de 50 ans et plus. Les ouvriers qualifiés et les professions de services directs aux particuliers se trouvent plus fréquemment dans des situations d'exposition aux risques psychosociaux, tout comme les salariés de la construction, du bâtiment, des travaux publics et des services collectifs et personnels.

 

6 % des salariés déclarent travailler « toujours » ou « souvent » sous pression et seuls 3 % jugent qu'on leur demande une quantité de travail excessive. 5 % déclarent avoir été victimes d'une agression verbale de la part du public au cours des douze derniers mois, 27 % indiquent être « amenés à calmer des gens » au cours de leur travail contre 53 % dans l'ensemble de la population. Ces risques peuvent en outre se cumuler.

 

Par contre, 28 % des salariés ne déclarent pas ou peu d'expositions aux facteurs de risques psychosociaux dans leur travail. Cette catégorie de salariés bénéficie d'une forte reconnaissance dans son travail. Seuls 3 % d'entre eux estiment qu'au vu de tous leurs efforts, ils ne reçoivent pas « le respect et l'estime que mérite leur travail ».

 

 

 

LES RISQUES PSYCHOSOCIAUX ÉVOLUENT

 

Le sentiment de reconnaissance, facteur de risque lié aux « rapports sociaux au travail », s'est dégradé. En revanche, les relations avec les collègues restent bonnes puisque seuls 6 % des salariés estiment ne pas avoir « de bonnes relations de travail avec leurs collègues ». Les conflits de valeur ont légèrement augmenté : 37 % des salariés signalent en 2010 devoir faire dans leur travail « des choses qu'ils désapprouvent. 15 % des salariés disent ne pas avoir « les moyens de faire un travail de qualité ».

 

Il y a davantage de problèmes de santé pour les salariés « sans reconnaissance ni soutien ». Pour ces individus, le travail occupe beaucoup de place et empiète fréquemment sur la sphère privée et familiale. Les difficultés relationnelles évoquées dans le travail ne sont par contre pas synonymes de solitude dans la vie privée.

 

Au contraire, d'autres facteurs de risques psychosociaux n'ont quant à eux que très peu évolué depuis 2007. C'est le cas des exigences émotionnelles, de l'autonomie et des marges de manœuvres. Concernant cette dernière dimension, en 2010, 15 % des salariés estiment ne pas pouvoir « employer pleinement leurs compétences », contre 13 % en 2007. La latitude décisionnelle s'améliore très légèrement : en 2007, 20 % des salariés déclaraient « dans ma tâche j'ai très peu de liberté pour décider comment je fais mon travail » contre 18 % en 2010.

 

Les données de l'enquête "Santé et itinéraire professionnel" dont sont issus ces constats favoriseront sans nul doute la mise en place de mesures concrètes pour prévenir les risques psychosociaux et améliorer les conditions de travail. Au moment où chaque employeur public doit élaborer un plan d'évaluation et de prévention des RPS d'ici 2015, ce n'est pas à négliger.

 

 

Article initialement paru sur WEKA et pour aller plus loin : Les risques psychosociaux au travail, Enquête SIP, Dares Analyses, n° 031, avril 2014