Alors que les Etats peinent à financer l'adaptation au changement climatique, des milliards d'euros pourraient être économisés en réformant les subventions aux énergies fossiles, estime, dans un rapport, le député Vert Yves Cochet. Interview.

 
Terra eco. Votre rapport met en évidence un gouffre entre les sommes investies dans les subventions aux énergies fossiles et les sommes qu’on peine à trouver pour financer l’adaptation au changement climatique, notamment le développement des énergies renouvelables. Quel est votre sentiment face à ce constat ?

Yves Cochet. Je suis immensément stupéfait ! Quand nous avons commencé nos recherches, on ne le croyait pas : l’estimation mondiale des subventions aux énergies fossiles est énorme ! Et encore, cette estimation est minimale : elle ne concerne que 24 pays parmi ceux de l’OCDE, et elle est basée sur ce que les gouvernements ont bien voulu nous dire... Autrement dit, ces subventions sont sûrement bien plus importantes.
 
Les déclarations des gouvernements affirmant vouloir s’engager dans une réelle transition énergétique s’en trouvent-t-elles écornées ?

C’est certain que d’un côté, on condamne les énergies fossiles, et de l’autre, on les subventionne largement... On se rend compte à quel point les grands lobbys – pétroliers, charbonniers et gaziers – pèsent. Comme Total, qui est de loin la plus grande entreprise en France. Les lobbys sont tellement forts que les gouvernements sont capables de donner des sommes énormes sans penser plutôt à changer leur politique. Cela révèle aussi un autre modèle mental, avec des gouvernements qui pensent qu’il faut s’intéresser à l’environnement, à la protection de l’air, de l’eau, des forêts, mais tout ceci n’est rien par rapport au soutien qu’ils apportent aux énergies fossiles.
 
Valéry