UNE MAUVAISE QUALITÉ DE L’AIR INTÉRIEUR COÛTE CHER : LES ÉQUIPEMENTS DEVIENNENT PLUS GOURMANDS EN ÉNERGIE, LES SALARIÉS SONT MALADES ET S’ABSENTENT, D’ÉVENTUELLES DÉPENSES D’INVESTIGATIONS ET D’ANALYSES S’IMPOSENT EN CAS DE PROBLÈME… L’IDÉAL EST DONC DE S’INSCRIRE DANS UNE DÉMARCHE PROACTIVE, POUR ÉVITER TOUT PROBLÈME ET QUE CHACUN PUISSE RESPIRER UN AIR PUR AU BUREAU.

 

1. FORMALISER LA DÉMARCHE

La nomination d’un « référent  QAI », qui se forme sur le sujet,  organise les actions préventives  et est identifié par les acteurs,  peut se révéler être un  atout de taille. Mais surtout, certaines  mesures visant à offrir la  meilleure qualité de l’air intérieur  possible doivent être  étudiées. 

 

 

2. ENTRETENIR SES ÉQUIPEMENTS

La première piste à suivre pour  offrir une bonne qualité de l’air  intérieur à ses collaborateurs est  de garantir un renouvellement  d’air optimal. Pour cela, on peut  bien sûr aérer en ouvrant les  fenêtres tôt  le matin ou en toute fin de journée  pour éviter les pics de circulation. Mais l’apport d’air  filtré qu’il faut privilégier.  Pour  cela, il est primordial d’entretenir  convenablement ses systèmes  d’aération et de ventilation.  La première étape est de  dépoussiérer les conduits en fin de  chantier, avant la mise en route  des systèmes. Par la suite, il est important de  nettoyer les filtres d’entrée et de sortie et de vérifier le bon fonctionnement  du système chaque  année. Pour le dépoussiérage  des réseaux aérauliques, la fréquence  à envisager est tous les  cinq à sept ans selon les cas. Faute de cette prévention,  les conséquences en  sont très visibles avec  les risques que cela implique en  termes de santé, comme de surconsommation  énergétique. Sans oublier qu’un réseau de climatisation encrassé est un facteur de propagation en cas d’incendie. Un simple coup de chiffon à l’extérieur d’un diffuseur ne suffit pas !

 

 

 

3. CLOISONNER INTELLIGEMMENT

Lorsque l’on cloisonne un plateau, pour créer une salle de réunions par exemple, il ne faut pas oublier de regarder le positionnement des aérations. On voit encore trop souvent une entrée d’air dans une pièce et une sortie dans l’autre, après un réaménagement... Pourtant, faut-il le rappeler, en France, l’apport d’air neuf est réglemente. Dans les locaux classiques (à pollution non spécifique), le Code du travail exige 25 m3/heure/occupant, 30 pour les locaux de vente, de restauration et de réunion, 45 pour les ateliers et locaux avec travail physique léger et 60 pour les autres (cf. Article R232-5-3).

 

 

 

4. ACHETER SAIN

Depuis janvier 2012, les fabricants doivent afficher les niveaux d’émission en polluants volatils de tous les nouveaux produits de construction et de décoration sur une étiquette affichant une « note » allant de A (très faibles émissions) à C (fortes émissions). Des milliers de références (peintures, papiers peints, parquets, moquettes, vernis, colles, adhésifs…) renseignent ainsi leur niveau de toxicité. Il est important d’afficher ses exigences en la matière dans ses appels d’offres en cas de travaux notamment. Mais le donneur d’ordres peut également le faire au moment de l’achat de tout élément en contact avec l’air intérieur : matériaux, équipements, aérosols… et mobilier. Les éléments d’ameublement sont en effet potentiellement à l’origine d’importantes émissions. Mais l’absence d’étiquetage prive de repère. Pour y pallier, certains fabricants font certifier une partie de leur gamme avec des labels étrangers (Green Guarde pour Haworth ou Indoor Advantage Gold pour Steelcase par exemple). Il est aussi possible de consulter les fiches de déclaration environnementale et sanitaire (FDES) de ces derniers pour en savoir plus sur leurs émissions potentielles.

 

 

5. NETTOYER PROPREMENT

Autres types de produits devant retenir l’attention : les produits d’entretien. En effet, la direction des risques chroniques de l’Ineris a notamment relevé la présence de formaldéhyde dans 9 produits ménagers testés sur 10. Et les mesures effectuées en conditions réelles ont montré que l’application de mousse au sol génère des concentrations conséquentes de limonène et des particules fines. Pour limiter les émissions dont les produits d’entretien sont à l’origine, certains prestataires proposent des solutions sans chimie, telles que l’électrolyse. Et pour ceux qui ne voudraient pas aller jusque-là, la première chose à faire est de privilégier les produits les plus neutres. Une expérimentation de l’impact réel des produits d’entretien sur la qualité de l’air dans les espaces de bureaux menée dans le cadre du projet européen Officair a permis de démontrer qu’en privilégiant des produits d’entretien contenant très peu de COV et sans parfum, on abaisse de manière significative les concentrations de polluants du type « déhydes » (comme l’aldéhyde) qui irritent les voies respiratoires.

 

 

 

6. SENSIBILISER LES OCCUPANTS

Une bonne QAI dépend aussi des habitudes et attitudes des occupants. Qualité de l’air intérieur, renouvellement d’air, température et hygrométrie sont intimement liés. Chaque fois que l’on touche à l’un de ses paramètres, on influe sur tous. Il est donc important de respecter des règles. Pas question de pousser une clim ou un radiateur à fond sans que cela ait des conséquences. Par ailleurs, il faut veiller à ce que les bouches d’aération ne soient pas obstruées par des piles de dossiers ou des cartons par exemple. Pire, on n’imagine pas ce que l’on peut trouver dans les gaines d’aération ! Papiers et autre détritus jetés, nourriture camouflée, bouteilles de vin mises à refroidir... autant d’attitudes déplorables qu’il faut combattre par l’information. Pas question non plus de laisser installer des petits systèmes de climatisation ou de chauffage personnels dans les bureaux. Sans même parler de la consommation énergétique, ces systèmes ne sont pas du tout entretenus et donc potentiellement nuisibles  

 

 

7. OUBLIER LES PLANTES DÉPOLLUANTES

En laboratoire, sous des conditions contrôlées, certains végétaux ont démontré leur capacité à éliminer des polluants gazeux présents dans l’air intérieur. Mais dans les espaces réels (avec de faibles concentrations de polluants, des mélanges de substances, de la ventilation, un important volume d’air à purifier…), elles ont bien de nombreuses vertus (augmentation de la productivité, diminution du stress, amélioration du bien-être...), mais pas celle de dépolluer ! 

 

Merci à Sophie Distel pour cet article, paru initialement dans Arseg Info